Emmanuel Hiriart- Directeur de la Photographie

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Retour à l’ergonomie allemande

Alors que Sony sort un modèle 4K grand public, Arri vient de présenter sa nouvelle caméra, la Amira dont les spécificités ont l’air d’être à la fois un pari de ne pas proposer un produit 4K malgré l’émergence de ce marché mais de mettre (enfin) à la disposition d’un public plutôt axé sur la production télévisée, le film institutionnel et le documentaire, une caméra d’épaule ergonomique, dotée d’un capteur de 35mm, d’un workflow simple comme c’est l’habitude chez les allemands délivrant des images en HD ou en 2K jusqu’à 200fps.

J’ai hâte d’en savoir plus sur l’engin et de pouvoir le tester car les 14 Stops de latitude annoncés de son capteur associé au design de la Amira semble pouvoir me séduire pour de nombreux projets. Elle supporte les 3D LUTs  afin de donner des « looks » aux images et l’on pourra bien sur en importer depuis un logiciel de color grading et les ajuster aussi en cours de tournage y compris pendant l’enregistrement.

Arri_Amira-Side-Blacklistfilms

La Amira dispose d’un viseur oled d’une résolution confortable de 1280×1024 pixels qui cache un petit écran LCD de 3,2″ escamotable qui permet la navigation dans les menus. Contrairement à de nombreux concurrents la caméra disposera aussi de filtres nd intégrés et motorisés ainsi que d’un zébra. Côté codecs on pourra faire du Prores dans toutes ses déclinaisons, jusqu’à 4:4:4 en HD sur des cartes CFast 2.0 (une carte CF nouveau genre dont la mise à jour permet une rapidité jusqu’à 450Mbs en lecture, pour 350Mbs en écriture. La caméra hébergera deux fentes destinées à ces cartes et associées à des prises USB pour les décharger. La carte disposera en plus d’un numéro de série et donc d’un support client de la part de son constructeur (SanDisk) qui laisse croire que le consommateur ne sera pas seul au milieu du désert lorsque son médium sans prix renfermant toute une journée de labeur sera incapable de monter ou d’être lue correctement. Si Arri est pour l’instant le seul constructeur à prendre ce chemin il semble que Canon soit tenté par l’expérience concernant leurs caméras et DSLR 4K.

Dans le pur style caméra d’épaule des boutons sont assignables afin d’avoir accès à des réglages rapidement sur le terrain. Et énorme plus aujourd’hui sur ce segment, l’audio est intégré, la Amira enregistre 4 canaux de 24 bits 48Hz via des ports XLR 3 et XLR 5.

Arri_Amira-Blacklistfilms

On pourra, selon Arri, y connecter toutes les montures PL possédant un connectique 12 pin pour contrôler le diaph automatiquement et l’enregistrement depuis le bouton de la poignée. Et rien ne sera oublié car la monture sera aussi compatible avec la connectivité LDS. Arri assure une compatibilité avec les optiques B4 2/3″, habituelles sur les caméras d’épaule, et EF. Le tout dans un fonctionnement silencieux, moins de 20Db annoncé.

C’est prometteur on attend plus que le prix et la disponibilité car souvent ces deux facteurs tuent un peu le rêve. Bien qu’ici les responsables de Arri s’ils ne dévoilent pas le tarif de vente, s’engagent sur une caméra dont le prix se situera bien en dessous de la Alexa avec qui, elle partage le capteur et le design, de très bonne augure. Comment dit-on « vivement 2014 » ne allemand?


Retour à la normale

 

La saison estivale, pourtant studieuse, ne m’a pas donné le temps de mettre à jour le blog comme je le souhaitais. Pourtant il y a du nouveau, du matériel tout d’abord malgré le léger faux bond de BlackMagicDesign qui nous laisse attendre sa petite caméra depuis Juillet, toujours pas de nouveau MacPro et même plus de MacBookPro 17 pouces, de ce coté là rien de bon.

Mais je m’en vais tourner une série « genre Thalassa » pour les Émirats et la sony F3 sera du voyage avec un Cinedeck pour enregistrer en S-Log 10 bits 4:4:4 accompagnée d’une série PL de chez Cooke.

 

Une occasion de vous faire un petit comparatif dans ce segment (Red Scarlet, Blackmagicdesign, Sony F3…) et du coté des enregistreurs externes (Atomos, Sound Device, Cinedeck et blackmagicdesign).

Enfin, un petit article sera aussi consacré aux Lut de la Sony suite à une série de demandes en ce sens et, pour que la rentrée soit complète je ferai aussi une petite sélection des nouveautés de l’IBC 2012.

Bref c’était les vacances…


La tueuse de HDSLR? Complément d’information.

Je disais dans mon post précédent que la petite caméra de Blackmagic Design serait une « tueuse » de 5D et autres C300 parce que notamment elle enregistrait en RAW en interne et qu’en cela elle remplaçait la Scarlet annoncée à l’époque 3K à 3.000$ par Jim Jannard. Ayant reçu beaucoup de commentaires depuis cet article je reviens sur ces deux informations car je vous dois des explications sur la forme comme sur le fond. Tout d’abord j’ai eu la chance de pouvoir tourner avec bon nombre de caméras existantes depuis le HI8 et l’Umatic, le DV et le Beta alors qu’en parallèle j’apprenais à manier du film 35 et 16mm sur des Arri et autres Panavision.

J’ai été comme beaucoup d’entre nous choqué et intrigué par la sortie de la Red One qui annonçait un bouleversement notable dans nos métiers en cela que le numérique pouvait faire jeu égal pour un budget bien moindre avec la pellicule. Très vite j’ai eu l’occasion de pouvoir utiliser l’engin sur des tournages et le voir évoluer ainsi que son workflow qui reste souvent méconnu des gens pressés de vouloir tourner en Red sans en connaitre la face cachée. A mon sens cela vient du fait que l’on a à faire d’une part à des clients qui ne connaissent rien à nos métiers mais on entendu parler ici ou là de la machine qu’ils veulent donc utiliser sur leur tournage (pub, clip…) voire des utilisateurs bercés au seul son du numérique qui pense non seulement rivaliser mais dépasser la qualité de la pellicule qui serait à l’image d’un film en noir et blanc d’une autre époque… À coté de ce développement à gros budget s’instaurait celui du HD, après un court passage par le presque HD à 720p, et surtout celui des médias à mémoire qui enterraient les bandes et les cassettes. Pour autant même si les modèles HVX de Panasonic ou XDCam « cinéalta » de Sony étaient alors utilisés dans quelques films (REC, District 9… aux cotés de RED notamment ) cela restait de bonnes caméras pour un format télévision mais le capteur et les codecs semblaient un peu juste pour une exploitation autre.

À cela est venu s’ajouter une petite trouvaille du secteur photographie recherche et développement de Canon qui arrivait à filmer avec son appareil au capteur CMOS full frame ou APS. Dès lors et malgré la piètre qualité du codec et donc du résultat final (moiré, aliasing et autres rolling shunter, le tout en H264) le petit gadget envahissait nos tournages et devenait même un must have. Aujourd’hui si l’on sait utiliser ces machines correctement (quand elles sont utiles) on peut faire de belles images je n’en doute pas mais l’ergonomie et l’horreur du codec nous font souvent regretter une caméra d’épaule Beta numérique. Voilà pourquoi la sortie de la petite blackmagic ou de l’ikonoskop me semble une bonne nouvelle, en cela que si le capteur est plus petit que les dslr de Canon, mais assez proches du GH2 de Panasonic, au moins on peut obtenir un fichier RAW nativement et travailler en 2,5K dans la cas de la blackmagic (Ikonoskop se limitant à du 1080P). Je rappelais que seul RED possède le brevet pour utiliser nativement du RAW sur ses caméras, c’est toujours vrai en cela que Arri doit utiliser un enregistreur externe pour accéder au saint graal et que nos petits amis cités plus haut se limitent au format 12 bits CineDNG d’Adobe.

Alors en quoi cette petite machine au look un peu rétro peut elle tuer malgré ses défauts (batterie intégrée et absence d’entrée XLR…) le HDSLR?

Le codec tout d’abord et bien meilleur rien à dire, il n’y a qu’à utiliser du RAW pour ne plus vouloir revenir à autre chose et le DNG est bon, de toute façon il est incomparable avec du H264 8 bits 4:2:0. Et pour ceux qui le 4:2:2 10 bits suffit ils auront le choix entre des fichiers AVid ou FinalCut dans un Codec reconnu par toutes les plateformes de post production.

Les métadonnées et l’apparition de mots clés, bien pratique et plus encore lorsque l’on passe en post production. L’enregistrement interne sur des SSD de 2,5 pouces de moins en moins chers.

La monture EF et ZF qui donne accès aux optiques abordables.

L’ultrascope en Thunderbolt, un plus qui change la vie lorsque l’on veut monitorer ses images de manière plus réaliste que sur un simple écran de 5D.

Le capteur serait, aux dires de nombreux commentateurs, un point à mettre dans la colonne des moins. Pourtant il permet une dynamique de 13 Stops dans l’image et contrairement aux idées reçues il ne s’agit pas d’un capteur au format 16mm, le BMD est supérieur et se situe entre un super 16mm et celui qui équipe un GH2. Il s’agit donc plutôt d’un 4/3 de pouce.

Le format d’image de 2,5K se situe en réalité en dessous du 2K en cela qu’il est plus étendu mais donc moins haut. On est bien loin du 4K qui reste de toute façon bien loin du 35mm voire de l’Imam. On dispose d’un format certes atypique mais assez proche de ce que l’on pourra diffuser avec les normes numériques qui s’imposent à nous dans le salles de cinéma qui ont investie dans des projecteurs 2K.

Certains commentateurs me rappellent que j’annonçais une norme à 4K dans les années à venir, je le pense toujours mais je sais aussi que depuis que je tourne en RED et en Alexa nombre de productions se satisfont d’une simple HD pour des raisons de budget tant au tournage qu’en post production. Pour conclure si je suis amené à décliner l’utilisation de cette caméra ce sera pour des raisons d’ergonomie ou de batterie mais pas pour des raisons de qualités de son capteur ou de son codec, je reste favorable à des caméras petits budgets plutôt qu’à des machins peu pratique et ressemblant à des arbres de noel pour filmer en 4K mais… Je n’oublie pas que le Film n’a pas encore de concurrent direct en tournage et en diffusion du moins dans les normes qui nous sont proposés aujourd’hui par l’industrie.


Nouveauté Blackmagic Design, une caméra 2,5K cette année

Mon premier billet vous faisait savoir, à l’époque, que je collaborais avec Blackmagic Design,  notamment après l’abandon par Apple de son logiciel Color,  je me tournais vers une solution appelée Da Vinci Resolve alors tombée dans l’escarcelle des magiciens noirs. Mais c’est toute une gamme de matériel qui m’interessait aussi, dont l’Ultrascope, l’Ultra studio, l’Hyperdeck Shuttle et toute la gamme des Intensity ce qui permettait à mes Macs de communiquer via le port Thunderbolt. avec des écrans, des caméras et autres… J’apprenais alors que dans les cartons se cachait une caméra et aujourd’hui en voilà les détails techniques :

La caméra Blackmagic de 1,7 kg  est construite autour d’un capteur de 16,64mm x 14,04 mm pour une surface active de 15,6 mm x 8,8 mm soit un capteur de 2592×2192 pixels pour un enregistrement en format 2.5K avec 13 stops de dynamique sur des SSD de 2,5 pouces en 2 formats : 2432×1366 RAW 12 bits en DNG  ou en HD 1080p en Appelprores ou en Avid DNxHD. On devrait pouvoir enregistrer un peu moins de 30 minutes à 24 images seconde sachant que chaque image fera un poids de 5Mo en RAW DNG , et donc 5 fois plus en HD dans l’un des deux formats Avid ou Apple. Enfin, nous disposerons d’une sortie HD-SDI en 4:2:2 pour un moniteur externe, un viewfinder voire un enregistreur externe.

Elle sera équipée en monture EF et ZF dont la caméra pourra contrôler le diaphragme électronique cher à Canon et possédant un LCD tactile pour monitorer (quoi que la résolution de 800 x 600 le résume à un écran de paramétrage). C’est notamment grâce à ce LCD qui émulera un clavier que l’on pourra entrer un maximum de metadonnées (dont des mots clés) et procéder aux réglages. La caméra disposera d’un microphone intégré en mono et d’une sortie casque ainsi que d’un haut parleur. Les entrées son sont au nombre de deux mais au format discutable  jack avec une option pour choisir entre ligne ou microphone. Ici autant dire qu’on aurait préféré du XLR mais une fois raccordé à un enregistreur externe digne de ce nom on aura résolu cet inconvénient. L’appareil devra donc s’équiper de composants annexes en configuration de tournage et tous les câbles sortiront par le coté gauche de la caméra. Reste aussi le flou qui entoure les batteries, d’un format « propriétaire » à Blackmagic dont on sait pas encore le prix et la possibilité de sans passer pour choisir une option déjà connue et éprouvée?

L’appareil disposera d’une fonctionUltrascope  via son port thunderbolt qui une fois relié à, par exemple un MacBookPro, délivrera toutes les informations nécessaires (vectorscope, parade, histogramme et waveform). Enfin une télécommande viendra s’ajouter à l’appareil lui permettant de lancer l’enregistrement à distance mais aussi de contrôler le diaph et le focus… à voir concrètement comment cela sera pratique et efficace.

Et cerise sur la gâteau, Blackmagic Resolve vendu avec la caméra. disponible en Juillet pour moins de 3000 dollars cela enfonce la concurrence et notamment nos amis de Bolex ou d’ikonoskop, à n’en pas douter cela va remplacer la 5D  voire la F3 et la C300 dans les coeurs de beaucoup, en espérant que l’ergonomie soit au rendez vous car au niveau du format d’enregistrement la différence plaide déjà en faveur de Blackmagic.